L'affaire Saint-Roch (Yersinia Pestis)
L'affaire Saint-Roch marque le deuxième volet des Enquêtes de Crystal. Son sous-titre,Yersinia Pestis, renvoie au terme clinique servant à désigner la peste.
Même si ce second tome peut être lu indépendamment des autres, il s'agit d'une véritable suite, qui s'inscrit dans la chronologie directe du premier, tout en nous ramenant une année en arrière, en 2014, là où tout a commencé.
Si vous avez aimé " La Surnommeuse ", vous allez raffoler de L'affaire Saint-Roch : il vous faudra toutefois patienter jusqu'en 2018, année de publication.
Mais, j'y pense, un premier extrait suit directement la fin du premier roman : alors, si, par le plus grand des hasards, vous n'aviez pas encore lu " La Surnommeuse ", vous savez ce qu'il vous reste à faire !...
Qui plus est, voici quelques lignes tirées de ce second volet et nous en apprenant plus sur la manière d'enquêter de la commissaire Crystal...
"Comme le ballet des scientifiques, tout discret et chirurgical qu'il était, empêchait néanmoins les deux inspecteurs d’échanger des propos un tant soi peu confidentiels et même de tenir une discussion suivie, Antigona et ‘tit Momo cessèrent leurs échanges et, pendant un temps, se contentèrent d'observer le manège familier des hommes de l'Identité Judiciaire. Puis la cheffe de la Crim’ s'éloigna pour faire le tour de la Basilique, déambulant, d’un pas méditatif, du narthex au transept, s'arrêtant sur telle toile exposée, telle inscription latine figurant sur une tombe princière. 'tit Momo la regardait faire, se demandant si c'était là une manière de patienter ou bien d'investiguer : Eusebio, il s'en souvenait, disait qu'elle aimait prendre le temps de renifler les lieux à la manière d'un limier sans laisse ni maître, que dans les moments critiques, alors que tous les projecteurs étaient rivés sur le même objectif, elle, ne consacrant à la cible qu'un rapide coup d’œil, se dépêchait de prendre son temps et s'en allait renifler, s'attardant sur des détails ou des éléments apparemment sans rapport les uns avec les autres. Ce genre d’attitude lui avait valu de rester dans l'ombre pendant les premières années de sa carrière d'inspectrice, tant on favorise ce qui fait du bruit, ce qui en met plein la vue, ce qui fait du fait, en un mot : la rentabilité. Ce mot, tout comme le concept, Antigona les haïssait par-dessus tout. Il faut des résultats ! Produire ! Ici et maintenant ! Et s'il s'avérait que toute la société était atteinte par cette peste, la police en mourait, le sens du devoir des fonctionnaires se trouvant vilipendé, détourné de sa noblesse originelle pour servir une logique axée sur la productivité, sur le chiffre, sur la quantité. L'inspectrice ne comptait plus les catilinaires que Stäubli avait pu vomir sur le système, accusé de tout judiciariser, standardiser, virtualiser, déshumaniser. « C'est fou, comme on ne produit rien, quand on reste dans le quantitatif ! », avait lâché, pour sa part, la jeune Laura, un jour qu'on débattait du sujet. En l'entendant, Antigona en avait tressailli intérieurement, comme si son cœur applaudissait, en battant de ses deux ventricules. Sacrée gamine que cette Laura ! C'est par de telles sorties qu'on peut entrer en amitié avec quelqu'un."